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RESISTANTS PATRIOTES CONGOLAIS DE FRANCE OU RPC F
2 décembre 2010

LE 24 NOVEMBRE 1965 AU CONGO ET SES DEGATS COLLATERAUX!

                                           




Écrit par Roger DIKU Kapotho   

Mercredi, 24 Novembre 2010 18:25

Le 24 novembre 1965 est une date clé dans l’histoire de la République Démocratique du Congo hier encore zaïrianisée car elle marque officiellement le second coup d’Etat militaire de Joseph-Désiré Mobutu après celui de septembre 1960 lorsque il neutralisa le gouvernement du premier ministre Lumumba auquel il appartenait. A cette époque déjà, il organisa un gouvernement temporaire dit de Commissaires Généraux. L’acte condamnable du 24 novembre 1965 continue de faire des vagues successives jusqu’en ce jour. En effet, les dégâts collatéraux de cet incivisme de l’armée ont conditionné et conditionneront encore pour plus longtemps le cours de l’Histoire du Congo-Kinshasa.

Selon la légende, ils sont une poignée des militaires, 14 au total, en cette nuit du 24 novembre 1965 à signer ce qu’on appellera «L’Acte de proclamation de la seconde république». Document rédigé par deux belges proches de Mobutu : le journaliste Pierre Davister de l’hebdomadaire «Spécial», et le Conseiller militaire de Mobutu, le Colonel Marliere. Cet acte comprend la proclamation du Haut commandement militaire qui sera lu par le Capitaine Lonoh dans les studios de la radiodiffusion nationale congolaise. C’était dans les installations actuelles du ministère des Affaires sociales sise le Boulevard du 30 juin ainsi que la lettre de destitution du premier président, Joseph  Kasa-Vubu.

Toujours selon cette même légende, tous ces préparatifs se seraient dérouler autour d’une tasse de thé et des victuailles servi par une femme, Marie-Antoinette Gbiatene Gbiatibua; celle qu’on appellera affectueusement maman Mobutu. Connu sous le vocable des Compagnons de la révolution et dont Mobutu sera le Grand Chancelier, ces militaires associeront à titre posthume la première épouse de l’homme de Lisala à leur aventure pour avoir été la seule femme présente à la proclamation de leur ignominie contre le Congo. Le deuxième coup d’Etat militaire de Mobutu prenait ainsi corps  en ce jour.

Le mysticisme étant de mise dans le Congo de Lumumba, le groupement des  militaires inciviques du 24 novembre 1965 fut érigé en un Ordre, celui des Compagnons de la Révolution sous la forme d’une décoration honorifique. Celle-ci remerciant tous les proches et autres thuriféraires de la deuxième république sous Mobutu.  Ce fameux ordre fut institué le 10 janvier 1974 par l’ordonnance-loi n°74-016. La dictature s’enracinant davantage, le président fondateur du MPR reconnaitra ensuite la qualité de Membres adhérents de l’ordre à quatre officiers non signataires de l’Acte de proclamation, qui y était étroitement associés, par l’ordonnance-loi n°78-026 du 30 août 1978. La boucle se fermera avec l’ordonnance-loi n°85-023 du 30 mars 1985, lorsque le nombre des Compagnons de la Révolution passe de  14 à 19 pour inclure les Membres adhérents ainsi que la défunte épouse du président.

La révolution a mangé ses propres  fils.  L’ironie de l’histoire aura fait que les 19 membres de ce «corps spécial» connaîtront tous une fin tragique ou mourront dans des circonstances qui ne seront peut-être jamais élucidées. Les voici tous avec leur grade de l’époque : Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga, Maréchal et Grand Chancelier; Marie Antoinette Gbiatene Gbiatibua dite maman Mobutu et épouse du guide; Singa Boyenge Mosambaye, Général d’Armée; Bobozo Salelo Ndembo Aduluma, Général d’Armée; Mulamba Nyunyi wa Kadima, Général de Corps d’Armée; Massiala Kinkela Kulu Kangala, Général de Corps d’Armée; N'Zoigba Yeu Ngoli, Général de Corps d’Armée; Itambo Munkina wa Kambala, Général de Corps d’Armée; Ingila Grima, Général de Corps d’Armée; Bangala Oto wa Ngama, Général de Brigade; Tukuzu Gusu Wo, Général de Brigade; Busaki Belenge, Général de Brigade; Malila-Ma Kende, Colonel; Monyango Bikoko, Colonel; Tshatshi, Colonel; Wabali Bakitambisa, Général de Brigade; Nkulufa Lombindo, Général de Brigade; Lonoh Malangi, Lieutenant-Colonel ; Ilosono Bekili, Capitaine.

Certes, la période post le 24 novembre 1965 ouvrira pour l’ensemble du pays un semblant de paix après plusieurs crises politiques depuis le 30 juin 1960. Mais c’était sans compter avec la logique indomptable des militaires qui allaient s’accrocher au pouvoir 32 ans durant via son commandant en chef Mobutu. Il concentrera ainsi entre ses mains tous les pouvoirs via des hommes de paille et autres véreux. Entre 1967 et 1977, c’est à une dérive qu’on assiste : l’ordonnance-loi du 24 juin 1967, adoptée après avoir été soumise à référendum attribue des pouvoirs spéciaux et très étendus au président de la République.

Plusieurs réformes constitutionnelles successives renforcent l'autocratie et rendirent caricatural l'État de droit qu’il promettait à tous. Le principe électif fut définitivement supprimé au sein du Bureau politique du parti unique, et le Parlement fut remplacé par un «Conseil Législatif ou parlement» sans aucun pouvoir avec à côté un «Conseil Exécutif  ou gouvernement» sans aucune autorité. L’ensemble chapeauté par la férule du «Comité central du parti» dépositaire du mobutisme et représentant des forces vives de la nation. C’est la période des purges et autres relégations pour «manquement grave à la discipline du parti». La legitimisation de l’idéologie de «la Révolution zaïroise authentique» fini par instaurer un véritable culte du chef puisant ses sources dans une lecture de la tradition africaine que le colonisateur se serait efforcé d'anéantir. Pour la propagande du régime, le président fondateur  est «le Sauveur», «le Père de la nation zaïroise organisée politiquement», «le pacificateur ou  l'Unificateur».

Un parcours exceptionnel. Du 24 novembre 1965 au 17 mai 1977, date de sa fuite du pays devant l’entrée des troupes de l’Afdl de Laurent-Désiré Kabila; Mobutu Sese Seko aura connu un parcours politique exceptionnel. L’homme d’Etat et deuxième président congolais aura usé 14 premiers Commissaires d’Etat ou premiers ministres : Général Léonard Mulamba Nyunyi wa Kadima, Anaclet Mpinga Kasenda, Bo-Boliko Lokonga Mihambo, Jean deDieu  Nguza Karl-I-Bond, Joseph Untube N'singa Udjuu,  Léon Kengo wa Dondo, Mabi Mulumba, Sambwa Pida Nbagui, Léon Kengo wa Dondo, Vincent de Paul Lunda Bululu,Crispin  Mulumba Lukoji, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Bernardin Mungul Diaka, Jean Nguza Karl-I-Bond, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Faustin Birindwa Bi Chirirwa, Léon Kengo wa Dondo, Étienne Tshisekedi wa Mulumba, Général  Likulia Bolongo. La palme de retour au pouvoir revenant à Léon Kengo wa Dondo (3 fois), Etienne Tshisekedi (3 fois sans jamais avoir dépassé un mois dans l’exercice de ses fonctions), Jean de Dieu Nguz Karl i Bond (2 fois). Il y a lieu de reconnaître que les spasmes politiques que connait aujourd’hui le Congo trouvent son terreau dans le régime Mobutu. Les hommes politiques ayant pris part à la gestion de la Res Publica de 1960 à ce jour ne sont pas non plus à dédouaner. Car, d’une manière ou d’une autre ; ils ont pris part à la destruction tant morale que politique de la mémoire de tout un peuple au profit de leurs intérêts égoïste.

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Commentaires
S
Corrigez la date de la fuite de Mobutu, c'est en 1997 que l'AFDL arrive à Kin et non en 1977.<br /> <br /> merci
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